22 Apr 2025

Interview d'Édouard Husson, historien français

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Édouard Husson

Français

Pensez à Richelieu, Louis XVI ou au général de Gaulle : quelles que soient les difficultés qu’ils doivent affronter en Europe, ces trois hommes, qui sont parmi les plus grands de nos chefs d’Etat, n’ont cessé de développer une présence française tous azimuts.

Bonjour M. Édouard Husson. Dans votre livre "L'Europe contre l'amitié franco-allemande", vous explorez les malentendus entre la France et l'Allemagne. Selon vous, quelles sont les principales causes historiques de ces tensions, et comment affectent-elles l'Union européenne aujourd’hui ?

 
C’est un livre paru en 1998. A l’époque, j’étais intéressé par les tensions qui existaient entre la France et l’Allemagne alors que les deux pays s’étaient engagés à partager la même monnaie. Six ans après la signature du Traité de Maastricht, on observait que l’Allemagne, pourtant aux prises avec les affres de la réunification, reprochait à la France de mal se gérer. C’était paradoxal puisque la réunification coûtait beaucoup plus cher que prévu – les Allemands avaient fait une grosse erreur d’appréciation en échangeant un mark occidental pour un mark oriental lors de l’union monétaire entre les deux Allemagnes. Et ils osaient donner des leçons à la France ! 
 
En étudiant les faits, j’ai observé que le traité de Maastricht n’avait que des mauvaises motivations du côté français. 
 
  1. Le groupe dirigeant français, avec son incapacité culturelle à un dialogue entre partenaires sociaux en dehors de la médiation de l’Etat, pensait pouvoir discipliner les salariés français grâce à la discipline de la monnaie unique européenne. Maastricht était donc le produit d’une démission du groupe dirigeant.
  2. Quand on observait de près le président de l’époque, François Mitterrand, on s’apercevait que la peur de l’Allemagne avait motivé ses engagements politiques tout au long de sa carrière. Mitterrand avait – à la différence du Général de Gaulle – été traumatisé par la perte de la bataille de juin 1940. Il n’était devenu résistant que très tard. Dans les années 1950, il était devenu atlantiste, et l’était encore au moment de la réunification, où il souhaita que’ l’Allemagne réunifiée soit dans l’OTAN, pour être contrôlée. De même, comprenant aussi mal qu’Helmut Kohl, le chancelier ouest-allemand,  les phénomènes économiques, François Mitterrand n’avait pas compris que le taux de change choisi pour la réunification monétaire entre les deux Allemagnes plombait l’économie allemande pour de longues années. L’Allemagne avait soudain une monnaie trop chère ; la France aurait pu en profiter, pour se relancer par une dévaluation compétitive, relancer l’industrie française, et devenir la première économie d’Europe. Au lieu de cela, Mitterrand, persuadé que c’était le moyen de contrer la puissance, apparemment augmentée par l’annexion économique de la RDA, de l’Allemagne, décida d’aligner totalement le franc sur le mark ; et même de supprimer le franc au profit d’une monnaie unique européenne. Evidemment cela a plombé l’économie française, d’où les tensions, à l’époque, entre les deux pays.
  3. Je remarquai aussi que la nouvelle monnaie européenne avait été très mal négociée par les Français. De même qu’elle n’aime pas négocier avec les partenaires sociaux, la classe dirigeante négocie mal avec les Allemands. Les négociations avec les Allemands, c’est dur ! A l’époque, ayant déjà travaillé plusieurs années en Allemagne, j’avais appris à négocier avec les Allemands. C’est direct et sans concessions – un pur rapport de forces. Ce que j’avais observé à petit niveau, je le décryptais au niveau d’une négociation comme le traité de Maastricht : les Français ne se sont pas battus pour obtenir le gouvernement économique de la zone euro qu’ils souhaitaient. De même, ils ont laissé le ministre allemand des affaires étrangères, Hans-Dietrich Genscher, conditionner l’accord de Maastricht à la reconnaissance de l’indépendance de la Croatie, c’est-à-dire que nous avons échangé la fausse disparition du deutsche mark contre l’acceptation de l’éclatement de la Yougoslavie.
Evidemment, il aurait fallu, du côté français, être prêt à ce que la négociation de Maastricht échoue si les Allemands ne cédaient pas. Mais, transi de peur devant une Allemagne réunifiée dont il s’exagérait la puissance, Mitterrand voulait signer à tout prix. Il a sacrifié les intérêts français ! 
 
Mon livre avait surtout valeur de témoignage. Il est paru six mois avant l’entrée en vigueur du traité de Maastricht. Malheureusement, les faits qui ont suivi m’ont donné raison. Si l’on excepte le bref intermède d’entente entre Chirac et Schröder pour s’opposer, avec Poutine, à la guerre américaine en Irak, on a assisté depuis vingt-cinq ans, à une lente détérioration des relations franco-allemandes. Les relations entre Madame Merkel et Nicolas Sarkozy étaient exécrables. François Hollande s’est soumis à toutes les exigences allemandes. Quant à Macron, il a en vain essayé de dissimuler ses mauvaises relations avec Madame Merkel puis avec Olaf Scholz derrière l’écran de fumée de la « souveraineté européenne ».
 
J’ai consacré deux livres à cette évolution (respectivement en 2005 et 2019)
 
 
 
Dans "Une histoire de France", vous proposez quelques leçons du passé pour comprendre les impasses actuelles. Quels événements historiques, à votre avis, devraient être mieux compris par les décideurs européens pour éviter les erreurs du passé ?
 
 
C’est un livre de dialogue avec Michel Pinton, l’une des têtes politiques les mieux faites du dernier demi-siècle. Je viens de la tradition démocrate-chrétienne et j’avais fait la connaissance de Michel Pinton quand il était à l’UDF. Au-delà de sa lucidité sur la politique contemporaine – il s’est rarement trompé dans un pronostic électoral - Je trouvais passionnante sa réflexion sur l’histoire de France. Nous avons entamé un dialogue, qui s’interroge sur l’histoire de notre pays depuis ses origines romaines et chrétiennes et qui analyse différentes époques en choisissant à chaque fois un des voisins de la France pour comparer et approfondir l’analyse. 
 
Je donnerai un seul exemple. Nous observons dans le livre que les dirigeants français ont tendance à enfermer la France sur le continent européen, par exemple en se lançant, vers 1490, dans de coûteuses ou inutiles guerres d’Italie ; ou bien en s’épuisant, avec les deux Napoléons, dans une volonté de réguler le continent européen. La thèse de notre livre, c’est que la France, pour être grande et pour répondre au potentiel de sa situation géographque, ne doit pas investir plus de 50% de son énergie sur le continent européen. Nous sommes appelés à avoir une grande politique outremer ! Pensez à Richelieu, Louis XVI ou au général de Gaulle : quelles que soient les difficultés qu’ils doivent affronter en Europe, ces trois hommes, qui sont parmi les plus grands de nos chefs d’Etat, n’ont cessé de développer une présence française tous azimuts. Au contraire, aujourd’hui, je reproche à Emmanuel Macron d’engloutir son temps et son énergie dans la très inefficace Union Européenne et de négliger l’entretien et la défense de notre domaine maritime, le plus vaste du monde après celui des USA.

Vous avez écrit une préface à la publication dans un même volume des "Conséquences économiques de la paix" de John Maynard Keynes (1919) et des « Conséquences politiques de la paix » de Jacques Bainville (1920). Quel rôle les accords de paix, comme ceux de 1919, jouent-ils toujours dans la construction de l'Europe contemporaine ?

Georges Liébert, aux éditions Gallimard, avait eu l’idée de publier les deux grandes critiques du traité de Versailles, le traité de paix avec l’Allemagne, après la Première Guerre mondiale, ouvrages contemporains de l’événement. Emmanuel Todd lui avait suggéré de me confier la préface.  
 
Keynes, le grand économiste britannique, à l’époque encore peu connu, avait reproché aux vainqueurs de la Première Guerre mondiale de mettre en danger l’Europe en cassant, par les réparations, l’économie allemande, moteur de l’Europe continentale, et en faisant émerger, à la place du grand marché qu’était l’Autriche-Hongrie, les barrières douanières des nouveaux Etats-nations. Keynes anticipait sur les crises économiques à venir et prédisait l’émergence de régimes autoritaires, devinant le fascisme quelques années avant son émergence. 
 
Bainville, lui, avait une approche différente, purement diplomatique et militaire : il reprochait à la France de ne pas avoir imposé aux Anglo-Américains le morcellement de l’Allemagne ; il voyait aussi la disparition de l’Autriche-Hongrie comme un drame : un vide de puissance existait désormais, expliquait-il, au cœur de l’Europe, que l’Allemagne allait exploiter. Le livre de Bainville est resté célèbre pour sa prédiction : le traité de Versailles était, disait-il, une trêve de vingt ans. 
 
On a souvent, en France, opposé les deux ouvrages. Ils critiquent certes tous les deux le traité de Versailles. Mais Keynes défend la reconstruction de l’Allemagne tandis que Bainville reproche à Clemenceau de ne pas s’être battu pour la division de l’Etat unitaire allemand. 
 
Je les ai présentés, au contraire, comme complémentaires. Il faut aujourd’hui, dans notre approche des relations internationales, combiner l’approche classique d’un Bainville sur l’équilibre des puissances et celle d’un Keynes sur le rôle de l’économie industrielle dans la stabilité du monde. 
 
C’est l’approche que j’ai retenue avec Ulrike Reisner, dans l’ouvrage que nous avons publié sur le grand basculement géopolitique actuel, « Cent Jours qui ont changé le monde », qui décrit les cent jours précédant l’élection de Donald Trump, mais vus depuis les puissances extra-occidentales, qui sont en train d’inventer un nouvel équilibre mondial.
 
 
Je renvoie aussi à l’ouvrage que j’avais publié en 2009, co-écrit avec Norman Palma, sur les déséquilibres monétaires et leur rapport avec la guerre aux XIXème et XXème siècles.
 
 
Dans "Les complaisantes", vous analysez le travail de Jonathan Littell. Comment l’écriture du mal dans la littérature peut-elle influencer la perception des événements historiques par le grand public ?
 
 
En 2008, nous avons eu affaire à un emballement mimétique très parisien : la critique littéraire s’est enthousiasmée pour un très mauvais roman, « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell. Il s’agit des mémoires imaginaires d’un officier SS inventé, qui participe aux massacres des juifs en Europe orientale durant la Seconde Guerre mondiale (il s’agit de la partie de la Shoah que l’on appelle « Shoah par balles » car elle a été le fait de commandos de tueurs allant tuer les juifs là où ils habitaient, en Ukraine, en Biélorussie, dans les Pays Baltes, en Pologne et Roumanie orientales, en Serbie). 
 
Avec le philosophe Michel Terestchenko, nous avons constaté que nous étions semblablement scandalisés par la perversité morale d’un livre où le héros étale son voyeurisme sexuel et son sadisme face au corps des persécutés et des victimes. Pour ma part, je revenais de voyages en Ukraine, où j’avais accompagné le Père Patrick Desbois et son équipe, qui recueillaient des témoignages d’Ukrainiens qui avaient été témoins des massacres des commandos de la SS et de la police. Je jugeais ce livre comme une insulte aux victimes et aux témoins. 
 
Nous avons écrit ce livre à deux voix. J’ai en particulier exploré un thème qui est essentiel. En réalité le « sadisme », au sens plein du terme, de Jonathan Littell, ne sortait pas de nulle part. Si l’on lit les développements philosophiques qui remplissent l’œuvre du marquis de Sade (qui vivait au XVIIIème siècle), on y trouve formulé une grande partie de l’idéologie du national-socialisme, avec une justification du fort, non seulement à écraser le faible mais à le faire souffrir dans des camps de concentration avant la lettre. 
 
C’est essentiel à comprendre pour analyser l’origine du néo-fascisme occidental qu’ont mis en œuvre les soixante-huitards et qui s’est manifesté de manière croissante des guerres de Yougoslavie à celles en Mésopotamie et de la Guerre d’Ukraine à la Guerre de Gaza. Je prépare un ouvrage pour expliquer que le fascisme n’a pas complètement disparu après 1945 ; il s’est transformé et s’est prétendu plus respectable. Mais le naturel revient vite : la révolution sexuelle de 1968 débouche, un demi-siècle plus tard, sur le sadisme d’un livre comme « Les Bienveillantes » ou d’un film comme « Fifty Shades of Grey ».   
 
Votre ouvrage sur Heydrich et la solution finale est très approfondi. Que pouvons-nous apprendre de la manière dont les dirigeants nazis ont mis en œuvre la solution finale, et comment ces événements devraient-ils être abordés dans l’éducation européenne ?
 
 
Je pense avoir résolu l’énigme du procès-verbal de la Conférence de Wannsee. Cette conférence de hauts dignitaires SS et de hauts-fonctionnaires du IIIème Reich a eu lieu le 20 janvier 1942, sous la présidence de Reinhard Heydrich, bras droit de Himmler et organisateur de l’appareil de terreur du régime nazi à travers l’Europe. Or le procès-verbal de la conférence, qui a été retrouvé lors de la préparation des procès de Nuremberg, décrit, un janvier 1942, une vision de la « Solution finale de la question juive » qui est en retard sur la réalité du terrain. A l’époque, il y avait déjà eu plus de 500 000 juifs tués par les commandos de la police et de la SS et les camps d’extermination sur le territoire polonais avaient commencé à fonctionner. Or le procès-verbal de la conférence nous parle de la « solution finale » au futur, et plutôt sous la forme d’une déportation de tous les juifs d’Europe « au-delà du Dniepr », après la victoire contre l’URSS. 
 
J’ai analysé le texte comme on le ferait dans le cadre d’une enquête criminelle et j’ai constaté que tous mes collègues historiens répétaient que l’on avait perdu le plan de « solution finale » remis en janvier 1941 par Heydrich à Göring et Himmler. Pourtant, le texte du procès-verbal de la Conférence de Wannsee répond très bien à l’idée d’un plan global de déportation des juifs d’Europe proposé avant le début de la guerre contre l’Union Soviétique (en juin 1941). 
 
Si l’on accepte mon hypothèse, on a la réponse à plusieurs questions qui ont arrêté les historiens :
  1. Le génocide des juifs d’Europe n’est pas une réaction un peu improvisée à une guerre contre l’URSS qui tourne moins bien que prévu. Elle a été planifiée avant la guerre germano-soviétique et elle était envisagée à l’origine comme une déportation généralisée vers des camps d’extermination par le travail forcé harassant sur le territoire d’une URSS conquise.
  2. Le tournant a lieu dès la fin juillet 1941, lorsque les dirigeants nazis décident de réaliser le génocide des juifs sans attendre la victoire contre l’URSS.
  3. Les étapes de la mise en œuvre correspondent aux trois étapes du procès-verbal de la Conférence de Wannsee mais la déportation prévue est transformée en extermination immédiate : on commence par la mise à mort, par fusillades massives, des Juifs soviétiques ; ensuite, fin septembre 1941, Hitler ordonne la déportation et la mise à mort  dans les camps d’extermination en train d’être organisés des juifs vivant dans le « Grand Reich » ; enfin, début novembre 1941, Hitler ordonne la déportation des juifs du reste de l’Europe et leur mise à mort dans les camps d’extermination polonais. 
Lorsqu’il réunit les haut-responsables du Reich le 20 janvier 1942, Heydrich les mouille en les initiant à son plan de génocide. Mais celui-ci a en fait déjà commencé depuis plusieurs mois. 
Dans le cadre de vos recherches sur l’histoire de l’Europe et de la France, quel rôle pensez-vous que la mémoire collective joue dans la politique européenne actuelle ? La réconciliation franco-allemande peut-elle être un modèle pour d'autres régions de l’Europe ?
 
Mallheureusement, la réconciliation européenne s’est faite sur une mémoire tronquée de la Seconde Guerre mondiale. Nous avons tous en tête la visite du Général de Gaulle et de Konrad Adenauer à Reims en janvier 1963. Ou bien la manière dont Willy Brandt s’est mis à genoux au monument dfu ghetto de Varsovie en décembre 1970. Mais le chancelier Kohl n’a pas eu de geste équivalent lors de la fin de la Guerre froide. Il aurait dû proposer à Mikhaïl Gorbatchev de se rendre à Leningrad/Saint Pétersbourg pour rendre hommage au million d’habitants de la ville victimes du siège de la ville durant la Seconde Guerre mondiale. 
 
Les Allemands ont tué directement ou causé la mort par famine de 14 millions de civils soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale. 9 millions de soldats soviétiques sont tombés pour sauver l’Europe du nazisme et pratiquement 4 millions de prisonniers de guerre soviétiques ont été assassinés par la Wehrmacht dans des camps de famine ou par la SS dans les camps de concentration. 
 
C’est quelque chose qui a disparu de la conscience collective des Européens de l’Ouest. Il est incroyable qu’il y ait aujourd’hui une guerre des Européens contre la Russie, quatre-vingts-ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand nous savons que nous devons la destruction du nazisme non pas aux inefficaces bombardements britanniques ou américains (qui n’ont fait que tuer des civils) ni au seul débarquement de Normandie (comme le prétend notre discours officiel) mais, d’abord et avant tout, au fait que l’Armée Rouge a détruit, avec un héroïsme inouï, la plus destructrice machine de guerre de tous les temps, la Wehrmacht.  
 
Au-delà de l’étude historique, comment percevez-vous l’avenir de l’Union européenne ? Est-ce qu’il existe des risques similaires à ceux du passé qui pourraient fragiliser l’unité européenne ?
 
L’Union Européenne est mal partie car elle a des pratiques désormais à l’opposé des principes qui la fondaient. Elle a été construite pour faire la paix en Europe ; or, aujourd’hui ses dirigeants sont, sauf exception, obsédés par l’idée de faire la guerre à la Russie. L’Union Européenne s’est fondée sur un modèle économique que l’on appelle « ordo-libéralisme » : une défense farouche de l’économie de marché couplée à l’idée que la famille selon la loi naturelle, les Eglises, les associations, les syndicats, les communautés locales, compensent les déséquilibres du marché. Or nous avons affaire désormais à une Union Européenne qui promeut l’hyperindividualisme hédoniste, qui combat la famille selon la loi naturelle, qui déteste le christianisme et l’islam, les deux religions les plus représentées en Europe et qui veut une organisation hypercentralisée de l’Union avec la substitution de bureaucraties aux communautés naturelles et organiques qui organisent la société dans une vision de subsidiarité : on ne devrait traiter au niveau supérieur de l’Union que ce qui ne peut pas être traité au niveau des nations ; mais c’est le contraire qui se passe. L’Union ne cesse de vouloir étendre ses prérogatives. 
 
Je ne donne pas cher de l’UE. Elle n’en a plus pour longtemps à vivre comme système d’organisation de l’Europe occidentale et centrale.

 


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