«  Il s’agit de mesures temporaires qui ne compromettront pas les engagements climatiques à long terme de l’Europe. Toutefois, cette crise démontre que les combustibles fossiles n’apportent pas la sécurité énergétique  », selon le rapport.
L’augmentation des émissions liées au retour du charbon sera « négligeable », selon un rapport

Les projets de quatre pays de l’UE visant à faire fonctionner des centrales électriques au charbon en cas de perturbation grave de leur approvisionnement en gaz russe n’auront qu’un impact négligeable sur le climat, selon un rapport du groupe de réflexion sur les questions relatives à l’énergie Ember publié mercredi (13 juillet).

L’analyse, intitulée  «  Le charbon ne fait pas son retour  : l’Europe prévoit une augmentation “négligeable”  », examine l’impact sur le climat des projets de l’Autriche, de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la France de recourir au charbon en cas de graves perturbations de l’approvisionnement en gaz cet hiver et l’année prochaine.

La Commission européenne estime que la Russie utilise les coupures de gaz et les baisses d’approvisionnement de l’UE comme un outil de «  chantage  ». Les pays de l’UE s’efforcent de réduire la demande de gaz et de trouver des solutions de rechange aux combustibles fossiles russes.

L’un des moyens de réduire la demande consiste à stocker le gaz normalement utilisé pour la production d’électricité et à le remplacer par de l’électricité produite à partir de charbon. Mais cela s’accompagne d’une augmentation des émissions de carbone (CO2).

«  Il s’agit de mesures temporaires qui ne compromettront pas les engagements climatiques à long terme de l’Europe. Toutefois, cette crise démontre que les combustibles fossiles n’apportent pas la sécurité énergétique  », selon le rapport.

L’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas et la France prévoient tous de rouvrir des centrales au charbon.

Remise en route de centrales à charbon en France

La France rouvrira une unité de charbon de 595 mégawatts (MW) pour l’hiver.

 » Il ne reste plus que 2 centrales à charbon en activité en France. Elles représentent 0,7% de notre production d’électricité sur l’année […] Nous fermerons les centrales à charbon et nous compenserons chaque tonne de CO2 émise « , prévenait mardi (12 juillet) la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, sur le plateau de LCI.

En Autriche, la centrale de Mellach, d’une capacité de 246 MW, sera temporairement retirée de la circulation et fonctionnera au charbon plutôt qu’au gaz.

Les Pays-Bas ont modifié le mois dernier la législation empêchant les centrales au charbon de fonctionner à plus de 35 % de leur capacité. Elles pourront à nouveau fonctionner à pleine capacité jusqu’à la fin de 2023.

8 GW en attente en Allemagne

Parallèlement, c’est l’Allemagne qui dispose de la plus grande quantité de capacités en attente. Le 8 juillet, son parlement a adopté la loi sur les dispositions relatives aux centrales de remplacement, permettant de mettre en réserve environ 8 gigawatts (GW) de centrales au charbon.

Dans l’ensemble, ces plans permettraient d’ajouter un peu moins de 14 GW de centrales au charbon, soit 12 % au parc de centrales au charbon existant de l’UE (109 GW) et 1,5 % à la capacité totale de production d’électricité installée de l’UE (920 GW), selon l’analyse.

Le rapport explique que, même dans le pire des scénarios où les centrales fonctionneraient tout au long de l’année 2023 à 65 % de leur capacité, elles ne produiraient que 60 térawattheures d’électricité, soit suffisamment pour alimenter l’Europe pendant environ une semaine. Cela correspondrait à 1,3 % des émissions totales de l’UE en 2021.

Idéalement, il n’y aurait pas d’augmentation de l’utilisation du charbon, mais dans la situation actuelle, il faut relativiser, a déclaré à EURACTIV la rédactrice du rapport Sarah Brown.

«  Devrions-nous être inquiets ? Oui. Du point de vue du climat, nous ne voulons pas que le charbon soit brûlé. Nous préférerions que tous les combustibles fossiles diminuent, mais si nous mettons cela en perspective avec la situation immédiate dans laquelle nous nous trouvons, alors nous ne devrions pas être trop inquiets  », ajoute-t-elle.

Accélérer la transition vers une énergie propre

Le plan de la Commission européenne visant à se détacher des combustibles fossiles, baptisé REPowerEU, prévoit de diversifier les importations de gaz fossiles et de mettre l’accent sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Face aux craintes, Mme Brown a déclaré que l’élan en faveur d’une transition vers une énergie propre était pourtant bien maintenu.

Au autre rapport d’Ember montrait que 19 gouvernements de l’UE ont intensifié leur décarbonation en réponse à la pandémie de Covid-19, à la crise énergétique et à la guerre de la Russie en Ukraine.

« La crise actuelle a agi comme un catalyseur pour une transition européenne plus rapide vers les énergies propres  » annonce le nouveau rapport. Ainsi, le nouveau gouvernement allemand a porté l’objectif d’électricité renouvelable à 80 % d’ici à 2030 en novembre 2021, dans un contexte de crise énergétique.

«  Même dans les États membres d’Europe de l’Est, nous constatons soit un engagement accru en faveur des énergies renouvelables, soit le maintien des engagements pris en matière d’élimination progressive du charbon  », ajoute Mme Brown.

Source: euractiv.fr

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