D'après une mise en demeure de la Dreal, l'entreprise Bolloré Logistics stockait des déchets dangereux sans autorisation. Elle risque de devoir payer pour dépolluer.
Incendie de Bolloré Logistics : les batteries qui ont brûlé n'avaient rien à faire là selon la préfecture

Voilà une étape importante franchie dans l’affaire de l’incendie de Bolloré Logistics qui a eu lieu en janvier 2023 à Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime). La préfecture vient de publier deux mises en demeure concernant Bolloré Logistics et Blue Solutions.

Ces arrêtés démontrent pour la première fois que Bolloré stockait des batteries au lithium usagées de Blue Solutions. Autrement dit, « des déchets ». Et que l’entreprise n’avait pas d’autorisation nécessaire et est désormais responsable des conséquences engendrées par l’incendie. On vous explique.

Bolloré est responsable et va devoir payer

Ce sont des informations que l’on retrouve dans un arrêté publié le 7 octobre par la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Normandie (Dreal).

Dans le détail, c’est 892 tonnes de batteries au lithium usagées qui étaient entreposées. Une partie de ces batteries étaient d’ailleurs destinées au recyclage, apprend-on dans la mise en demeure qui confirme d’ailleurs que les batteries qui ont brûlé dans l’incendie étaient des déchets.

  Ces batteries usagées, outre le fait d'être des déchets, sont donc des déchets dangereux, et la présence de lithium constitue un risque pour les milieux aquatiques.
    Arrêté de la Dreal

 De plus, Bolloré n’avait pas l’autorisation pour stocker ces batteries usagées. Les services de l’État l’indiquent noir sur blanc : « La société Bolloré Logistics est solidairement responsable, avec la société Blue solutions [qui appartient à Bolloré], des dommages causés par les déchets de batteries usagées au lithium entreposés sur le site de Grand-Couronne. »

L’incendie de Bolloré a eu de graves conséquences sur l’environnement

Pour la première fois depuis l’incendie, Bolloré Logistics est désigné responsable de la pollution causée par l’incendie de janvier 2023. D’autant plus que les conséquences sont terribles pour l’environnement. « Les investigations portant sur la qualité des eaux souterraines, réalisées au droit du site et de ses abords après l’incendie du 16 janvier 2023 ont révélé la présence d’une pollution notamment au lithium pouvant migrer en direction de la zone d’activité portuaire et de la Seine. »

Il y a eu un second incendie Bolloré Logistics passé sous les radars

Dans l'arrêté de la Dreal, une nouvelle information détonante est dévoilée. Il y a eu un second incendie au même endroit le 15 novembre 2023. « Une reprise d'incendie a eu lieu sur les déchets contenant du lithium lors des opérations de sécurisation et de démontage de bardage », dévoilent les services de l'État. D'ailleurs, d'après ces derniers, cette reprise d'incendie est « directement liée à la nature réactive des déchets au lithium issus des batteries usagées ». Un incendie totalement passé sous les radars l'année dernière.

Offensive, la préfecture rappelle que les opérations pour dépolluer le secteur n’ont pas été prises en charge par Bolloré Logistics et Blue Solutions.

« Les responsabilités, c’est pour celui qui stocke »

Et justement, cela va changer. La préfecture met en demeure Bolloré Logistics de retirer les déchets issus de l’incendie des batteries usagées avant le 31 décembre 2024, mais aussi de participer à l’élimination de la pollution des eaux souterraines au lithium. En bref, l’entreprise va devoir mettre la main à la poche pour participer aux efforts de dépollution.

« Les responsabilités, c’est pour celui qui stocke », lance Christophe Holleville, président de l’Union des victimes de Lubrizol. Celui-ci est presque soulagé devant ces arrêtés des services de l’État. « C’est bien eux qui ont eu un impact sur l’environnement et ça démontre qu’ils savaient ce qu’ils stockaient. Ils ne pouvaient pas l’ignorer. »

Contacté par différents moyens, Bolloré Logistics n’a pas encore répondu à nos demandes. Leur réponse sera ajouté si et lorsqu’elle nous parviendra. L’entreprise a deux mois pour éventuellement faire appel de cet arrêté au tribunal administratif.

Source: actu.fr

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