La France ne fait pas exception puisqu’une partie non-négligeable de la population est climatosceptique, d’après un baromètre de l’ADEME de 2023 sur les représentations climatiques des Français. Malgré une exposition croissante à des évènements extrêmes, les sciences du climat semblent encore avoir du mal à se faire entendre.
Sciences du climat : le déni ne faiblit pas

« Le climatoscepticisme stagne plus qu’il ne régresse », constate la dernière étude de l’Observatoire international Climat et Opinions Publiques (Obs’COP) présentée par EDF en novembre 2023. Plus d’un tiers de la population mondiale attribue le changement climatique à un phénomène naturel voire nie son existence.

La France ne fait pas exception puisqu’une partie non-négligeable de la population est climatosceptique, d’après un baromètre de l’ADEME de 2023 sur les représentations climatiques des Français. Malgré une exposition croissante à des évènements extrêmes, les sciences du climat semblent encore avoir du mal à se faire entendre.

Un climatoscepticisme paradoxal

En 2023, 28 % des Français sondés par l’ADEME pensent que le dérèglement climatique est un phénomène naturel propre à la Terre et 3 % nient sa réalité. Au niveau mondial, 36 % de la population est climatosceptique.

Pourtant, dans le même temps, jusqu’à 61 % de la population mondiale affirme avoir ressenti les conséquences du changement climatique dans sa région. Il a été observé que plus des évènements extrêmes s’accumulent, plus ce constat augmente.

C’est d’ailleurs le seul « acquis » que présente l’étude de l’Obs’COP : ces catastrophes naturelles sont largement attribuées au dérèglement du climat (85 %).

La majorité de la population affirme ainsi déjà ressentir les conséquences de la crise climatique mais 40 % reste encore partagé sur les effets à venir. Globalement, ce relativisme est plus marqué dans les pays du Nord comme l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Australie. Ce dernier fait partie des trois pays les plus climatosceptiques avec les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite. Les trois pays dit les plus climatoconvaincus sont la Corée du Sud, le Mexique et la Colombie.

Cependant, aucun lien n’a été établi entre le taux de climatoscepticisme et les deux sources d’appréhension que sont donc la vulnérabilité du pays et le nombre de catastrophes subies. Le rapport s’étonne même du déni climatique important dans certains pays très vulnérables comme l’Inde, le Nigéria ou l’Afrique du Sud. Cette réfutation du changement climatique au sein de leurs opinions publiques contraste avec les demandes de compensation financières de ces gouvernements auprès des pays développés responsables des émissions de gaz à effet de serre.

Le changement climatique et ses impacts inquiètent. L’inquiétude s’avère plus forte dans les pays vulnérables que dans des pays jugés résilients (d’après l’indice IRC). L’angoisse climatique se concentre en Asie où elle concerne une personne sur deux.

Toutefois, une forte inquiétude ne s’apparente pas à une forte priorité. En France, le climat est la 3e priorité des citoyens derrière le pouvoir d’achat et l’immigration.

« Le climat a toujours changé », un raccourci simple opposé à une vérité complexe

La parole climatosceptique se répand car il est plus facile de croire un mensonge simple qu’une vérité complexe. Encore 27 % des Français pensaient en 2022 que le changement climatique ne faisait pas l’objet d’un consensus et que le débat restait ouvert, d’après l’ADEME. Or, le changement climatique n’est plus un sujet d’étude réfutable mais bien une certitude dont la population mondiale subit déjà les effets.

Malgré le consensus scientifique, des personnalités continuent de contester la réalité du changement climatique. C’est ainsi que la fameuse formule « le climat a toujours changé » est brandie lors de débats face à des scientifiques ou des militants écologistes qui peinent à faire comprendre l’irrecevabilité de cet argument. Car il ne peut pas être nié : le climat a effectivement changé, à plusieurs reprises, sans que l’espèce humaine y soit pour quelque chose.

Le manque de pertinence de cette affirmation réside dans la nuance majeure qu’il faut lui apporter : les changements climatiques en cours se produisent à une vitesse fulgurante jamais observée auparavant qui ne peut être attribuée qu’aux activités humaines.

Le flambage atmosphérique actuel s’observe notamment par des relevés de températures records et des événements extrêmes plus fréquents. Ces phénomènes sont liés à la vitesse de croissance inédite des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2). Son évolution est retracée notamment grâce à l’étude des bulles d’air présentes dans les carottes de glace prélevées aux pôles.

La concentration de CO2 est mesurée en Partie Par Million (ppm) correspondant au nombre de molécules de polluants présentes dans un million de molécules d’air. C’est un gaz naturellement présent dans l’atmosphère mais qui est aussi émis par la combustion des énergies fossiles que sont le charbon et le pétrole

L’étude des mesures de gaz à effet de serre entre l’ère préindustrielle et aujourd’hui incrimine sans erreurs possibles les activités humaines qui ont explosé la fenêtre de variation habituelle du CO2 entre période glaciaire et interglaciaire qui était de 100 ppm.

Si l’on se réfère au passé, on retrouve un taux de 400 ppm de CO2 il y a 3 millions d’années, ce qui se rapproche du taux actuel de 420 ppm. Mais la situation contemporaine est loin d’être comparable car cette concentration de carbone atmosphérique a été atteinte sur plusieurs milliers d’années, permettant de respecter un équilibre.

Affirmer que « le climat a toujours changé » sert d’argument fallacieux pour masquer la gravité de la situation et refuser d’agir.

Invoquer la récurrence naturelle semble alors moins servir d’argument d’autorité, puisqu’incorrect, que de prétexte pour justifier un désengagement collectif plus confortable car exempt de toute remise en question.

 

Source: goodplanet.info

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