La déforestation dans le monde en 10 données clés

Une étude apporte un éclairage complémentaire sur le recul des forêts. Entre les pertes et les gains de surfaces, de combien recule réellement la forêt dans le monde ? On a décortiqué deux études pour répondre.

De 130 000 à 150 000 km2 de forêt disparaissent chaque année, c’est environ 200 km. Cela signifie que chaque année, nous détruisons en forêt, l’équivalent de la surface de la Belgique ou 4,1 trilliards de dollars de services écosystémiques gratuits, soit 594 $ par personne. De 1990 à 2010, la déforestation a représenté 4 fois la superficie de l’Italie. Toutes les minutes, 2000 arbres sont coupés.

Les forêts tropicales, toujours les plus menacée

Jusqu’à présent, le nombre de références en matière de déforestation était le 15. En effet, on estimait que chaque année entre 13 et 15 millions d’hectares de forêts disparaissent, soit environ le ¼ de la superficie française ou l’équivalent de la Belgique. Mais cette statistique de 13 à 15 millions d’hectares est trompeuse car il ne tient pas compte des surfaces replantées ni du reboisement naturel. Une nouvelle étude a mesuré les gains et les pertes nettes de surfaces boisées.

Tout d’abord, on a mesuré lors d’une campagne mondiale de télédétection que les superficies boisées totales en 2010 s’élevaient à 3,89 milliards d’hectares, soit 30 % des terres émergées de la planète. Une nouvelle campagne de mesure a été faite en croisant les infos recueillies par les satellites Landsat et par Google Earth. Elle met en évidence ou confirme les points clés de la déforestation mondiale :

1 – La déforestation mondiale touche 4 grandes nouvelles zones de forte déforestation

Ces zones ont apparu pendant cette période : c’est au Paraguay (plus forte déforestation sans reboisement), en Indonésie (plus forte dégradation malgré un léger reboisement), en Colombie-Britannique au Canada (déforestation, scarabées ravageurs, incendies), et surtout en Sibérie (incendies, industrie pétrolière) que le déboisement intensif est le plus flagrant.

2 – Le Brésil reste le champion malgré un ralentissement de la déforestation

La forêt d’Amazonie est la principale zone touchée par la déforestation. Selon le WWF, elle a perdu 18 % de sa surface depuis 1970, et 55 % disparaîtront d’ici 2030. Les forêts d’Amérique du Sud ont connu un bref répit avec un rythme de déforestation qui baissé de moitié entre 2003-2004 et 2010-2011. Mais entre l’été 2012 et l’été 2013, la surface des zones déboisées atteint 5 843 km2, soit une hausse de 28 % par rapport à l’année précédente.

3 – Globalement, les forêts tropicales restent toujours les plus touchées par la déforestation :

Les forêts du monde sont réparties ainsi : forêts tropicales (45 % du total), boréales (31 %), tempérées (16 %) et subtropicales (8 %).

 4- Les forêts replantées sont très loin de remplacer les forêts naturelles primaires

Souvent composées d’une ou deux essences dédiées à l’industrie papetière, les forêts replantées sont d’une pauvreté écologique affligeante.

D’autre part, entre 2000 et 2012, 2.300.000 km2 de forêts ont disparu quand 800.000 km2 ont été replantés. Le calcul est donc simple : ce sont 1.500.000 km2  (150.000.000 ha) soit 11.500 km2 / an de surface en moins sur 13 années. Selon une autre étude de la FAO  – la première portant sur l’évolution de l’utilisation des terres forestières au cours des 20 dernières années -, les surfaces de forêts ont diminué de quelque 5,3 millions d’hectares par an ; ce qui correspond, pour la période 1990-2010, à une perte nette équivalant à près de 4 fois la taille de l’Italie ou une fois celle de la Colombie. Une estimation supérieure à celle de l’étude Landsat / Google Earth.

Toujours selon cette étude de la FAO, la réduction des terres boisées (15,5 millions d’hectares par an) du fait de la déforestation et des catastrophes naturelles entre 1990 et 2010 a été partiellement effacée par des gains de surfaces forestières obtenus grâce au boisement et à la croissance naturelle des forêts naturelles (10,2 millions d’hectares par an) :

1990-2010 : 155.000 km2 – 102.000 km2 = 53.000 km2 par an

 5 – Les forêts recouvrent 30 % des terres émergées

Les conclusions d’une enquête mondiale de télédétection montrent que les superficies boisées totales s’élevaient à 3,89 milliards d’hectares en 2010, soit 30 % des terres émergées de la planète.

6 – Certaines zones géographiques ne subissent pas la déforestation, notamment l’Europe et la France

 En France, la forêt occupe 28 % du territoire 15 millions d’hectares de forêt en France à vocation de production de bois : croissance de la forêt en France. Pourtant, l’Aquitaine a été durement touchée par des phénomènes de déboisement et de reboisement, principalement à cause de la tempête Klaus en 2009. En Chine aussi la forêt gagne du terrain : la politique de reboisement massive menée depuis plus 25 ans porte ses fruits, notamment sur les terres menacées de désertification.

Les forêts existantes se sont étoffées d’environ 1.200 km2 par an.  Au total 54 millions d’hectares reboisés, soit quasiment la surface de la France.

 7 – Chaque année, la végétation terrestre absorbe 120 milliards de tonnes de dioxyde de carbone lors de la photosynthèse, soit l’équivalent de 3805 tonnes par second

 8 – Cette perte de surface forestière a un impact sur le réchauffement climatique

En effet, selon WWF, le rythme de destruction des forêts, quelle qu’en soit la cause, « provoque presque 20 % des émissions globales de gaz à effets de serre » au niveau mondial. Du fait de la déforestation, les émissions de CO2 augmentent : en 2004, ces émissions avaient atteint 8.700 milliards de kilos d’équivalent CO2.

580.000 kilos CO2 éq. sont émis par hectare de forêt tropicale déforestée (combustion et décomposition) selon le GIEC.
50 % de toutes les espèces végétales et animales vivent dans les forêts tropicales.
50 % des médicaments proviennent de la nature.
50 % des forêts tropicales ont déjà disparu.

9 – La perte de forêt, c’est aussi de la pollution atmosphérique en plus

En effet, les cuisinières à bois émettent des particules de fumées noires qui constituent des aérosols carbonés absorbant l’énergie solaire dans l’atmosphère et contribuant ainsi au réchauffement.

Selon une étude de chercheurs de l’Université de l’Illinois, ce sont 800.000 tonnes de suie qui sont diffusées dans l’air par les 400 millions de cuisinières à bois qu’utilisent 2 milliards de personnes dans le monde. Cela représente 10 % des particules émises dans l’atmosphère, soit presque autant que l’ensemble des émissions des véhicules diesel (890.000 tonnes).

10 – La déforestation, c’est aussi une perte de valeur économique.

En effet, quand un massif forestier est surexploité, il perd son potentiel et sa valeur. Il ne repousse pas et finit par être rasé par les industriels de la pâte à papier puis investi par des cultivateurs, comme en  Amérique latine pour le soja par exemple.

Un hectare de forêt rend des services écosystémiques estimés entre 2000 et 20 000 dollars/an. Rien qu’en prenant la moyenne de cette valeur, soit 8.000 dollars / an, sur un ratio symbolique de 40 ans, on obtient : 13 millions x 8000 x 40 = 4.160 milliards de dollars.

Cela signifie que chaque année, de manière continue, notre modèle sociétal actuel détruit 104 milliards de dollars par an de services écosystémiques intrinsèquement gratuits. En ramenant ces chiffres à chaque individu, cela revient à une moyenne de 594 dollars / an de services écosystémiques gratuits brûlés par personne.

 

Source : consoglobe.com

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