Un quart des 45.000 tonnes de déchets qui entrent chaque année dans le centre des Batignolles subissent toutefois un refus de tri.
Déchets ménagers: la révolution des poubelles, emballage par emballage

Les énormes ballots sont empilés par matière: papier, carton brun, plastique clair, foncé, films plastiques. Au centre de tri des déchets ménagers des Batignolles, dans l’ouest de Paris, on a pris de l’avance sur le reste du pays.

Ici, on bénéficie depuis 2019 des consignes simplifiées de tri des emballages, qui viennent d’être généralisées le 1er janvier à la quasi-totalité de la France.

Désormais, tous les emballages – boîtes en carton, sacs en papier, bouteilles, tubes, barquettes, gourdes de compote ou films plastique, ainsi que cannettes, aérosols, capsules et tablettes de médicaments en aluminium – doivent être jetés dans les poubelles jaunes de tri sélectif.

Jusqu’à récemment, nombre de tubes de dentifrice, barquettes de traiteur ou pots de yaourt échappaient au tri et finissaient dans la poubelle des ordures ménagères, grise ou verte selon les endroits, par manque de filières de recyclage.

L’objectif de la mesure est de simplifier la vie des Français qui jettent en moyenne chacun 582 kilos de déchets par an selon le gouvernement, et surtout d’augmenter le volume de recyclage du plastique beaucoup plus faible en France que dans les pays voisins (moins de 30%).

« La seule condition est que les emballages soient vides, il n’est pas nécessaire de les laver », explique Anne Traband, ingénieure « matières » au centre des Batignolles (XVIIe arrondissement de Paris), géré par l’agence Syctom.

Noria de camions

Parallèlement, un nouveau logo « info-tri » qui se veut plus lisible est progressivement déployé sur les objets de consommation du quotidien, vêtements, articles de sport, à commencer par l’alimentation. Le but: indiquer clairement où jeter le produit usagé.

Habits et chaussures ne doivent pas aller dans les poubelles jaunes, mais dans un bac extérieur de recyclage ou à une association de solidarité. Le petit électroménager doit aller en déchetterie ainsi qu’outils, matériaux et déchets verts. Depuis début janvier, les magasins de bricolage et jardineries ont ouvert des containers de tri pour alimenter de nouvelles filières de recyclage.

Au centre des Batignolles, une noria de camions défile en continu pour décharger le contenu des poubelles jaunes de 6 millions de Franciliens résidant dans 82 communes de l’ouest parisien.

Au bout d’un assourdissant parcours de tapis roulants, cribleurs, trieurs optiques, séparateurs magnétiques et trieurs manuels, une dizaine de matières différentes, bien triées, émergent: carton gris, cartonnette, papier, acier, aluminium, plastique transparent (PET) et monocouche issu des bouteilles d’eau minérale, PET coloré, film d’emballage, emballage de boîtes de lait type Tetrapak.

Dernier flux trié, un mélange de plastiques issus de trois résines différentes: polyéthylène, polypropylène et polystyrène qui n’avaient aucun débouché jusqu’à présent.

Le lancement d’une filière de recyclage française des emballages en polystyrène, Creastyr, annoncé le 11 janvier par dix industriels et organisations allant de l’Union des mareyeurs français à Michelin, devrait permettre d’alimenter cette nouvelle filière.

« Bêtes noires »

Un quart des 45.000 tonnes de déchets qui entrent chaque année dans le centre des Batignolles subissent toutefois un refus de tri. Ils n’appartiennent à aucune catégorie (jouets ou vaisselle cassée…) et repartent à l’incinération.

La simplification des consignes, anticipée depuis 2019 dans ce centre, a quand même « permis d’augmenter de 6% les tonnages de matières récupérées et triées » en 2020, précise Mme Traband.

Ses « bêtes noires » sont les bouteilles de gaz comme les chargeurs de crème chantilly contenant du protoxyde d’azote ou de l’hélium, de plus en plus souvent détournées de leur usage pour être utilisées illégalement comme gaz hilarant.

« On en trouve jusqu’à une tonne par mois, alors qu’elles devraient être ramenées en déchetterie comme n’importe quelle bouteille de gaz », dénonce Mme Traband.

Autre problème, les piles au lithium causent de plus en plus d’incendies. « Huit ou neuf départs de feu en 2022 rien que dans ce centre dus aux piles », ajoute l’ingénieure.

Dans les emballages, des progrès sont possibles: « un tiers des papiers et emballages vont encore par erreur dans les poubelles grises ou vertes », estime Mme Traband.

Reste aussi à régler l’épineux problème des déchets de « consommation nomade ». Bouteilles en plastique et canettes jetées dans les poubelles de rue ne sont quasiment jamais triées et aboutissent directement à l’incinération.

Le ministère de la Transition écologique doit ouvrir une concertation sur la consigne du plastique le 30 janvier pour tenter d’y remédier.

Source: goodplanet.info

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